Témoignage de Jessica « Mes ptits bouts du monde »

« J’ai découvert l’association L’enfant@l’hôpital en 2016 alors que je m’apprêtais à partir faire un long voyage de 12 mois à travers le monde.
Mon projet s’appelait (et s’appelle toujours) « Mes Ptits Bouts Du Monde » : un an de reportages à la rencontre des enfants du monde, de l’Asie à l’Océanie en passant par l’Australie.
Je ne me voyais pas ne pas partager mes découvertes et ma curiosité avec des enfants en France !
J’ai alors contacté des écoles primaires et en fouinant sur internet, l’association est apparue. Ce n’est pas un hasard je pense, car elle se devait d’être sur mon chemin, et je ne le savais pas encore à ce moment là. Mais elle allait intégralement faire partie de mon voyage pendant un an !
En quelques mots, l’asso c’est quoi ? C’est un formidable lien. Les bénévoles sont le relais entre les curiosités du monde et les enfants, dont le rapport avec l’école est rompu, soit du fait d’une maladie, soit d’un contexte social difficile.
Le voyageur partage ses voyages avec les enfants via une correspondance, mais pas que. La relation va beaucoup plus loin.
Avant même le départ, on est amené à rencontrer les enfants qui vont suivre nos pérégrinations. Cette étape est absolument essentielle afin qu’ils puissent mettre un visage sur un nom. Et également pour qu’ils se rendent bien compte que la personne, qui va leur écrire depuis des contrées lointaines, est bien réelle. <Et que toute cette correspondance est loin de n’être que virtuelle !
Durant cette rencontre d’avant départ, j’ai expliqué aux enfants mon projet de voyage. J’ai amené mon sac à dos rempli d’objets « clin d’œil » pour les faire un peu voyager eux aussi ! Un collier de fleurs, un ananas à lunettes de soleil, un masque de plongée, des tongs, un dictionnaire, un chapeau pointu… ! Le but ? Créer du lien. Entre eux et moi. Qu’ils se sentent investis et concernés par ce voyage qu’ils vont vivre par procuration…
Puis, vient le moment du départ.
Toutes les 2 semaines pendant un an, je leur ai écrit.
Mes grandes découvertes, comme ma rencontre avec un orang-outan en voie de disparition en Malaisie, le jour où j’ai nagé avec des gentils requins-citron en Polynésie, ma grimpette en haut du Machu-Picchu… Et aussi mes petits tracas quotidiens : ce que je mangeais, est-ce que j’étais parfois malade, où je dormais… Ces petits détails avaient tout autant leur importance que les moments forts du voyage.
Mes lettres virtuelles étaient un rendez-vous régulier pour eux. Ils les attendaient avec impatience pour savoir ce qui m’était arrivé, où j’en étais par rapport à « l’épisode précédent ». Les plus réfractaires à la lecture se prenaient au jeu et étaient obligés de déchiffrer les mots pour pouvoir connaître la suite de l’histoire. Les bénévoles, avec le soutien des professeurs, adaptaient même les programmes de géographie en fonction des pays traversés, les animaux que je croisais sur ma route étaient étudiés en classe…
Bref, l’école de la vie en voyage devenait pour eux, l’école tout court. Les lettres qu’ils lisaient avaient un goût bien réel comparé aux livres de lecture obligatoires. Et pour les impliquer toujours d’avantage, ils m’écrivaient à leur tour, me posaient des questions auxquelles je répondais la fois suivante, sur la culture du pays, sur les enfants, sur mon moral, sur ma vie au bout du monde… Et je répondais à chacune des questions en prenant soin de nommer chaque élève.
C’est une relation sur du long terme qui s’engage quand on se lance dans l’aventure L’enfant@l’hôpital. Du côté du voyageur, c’est parfois difficile de maintenir le rythme et la fréquence des nouvelles car les aléas du voyage sont imprévisibles. C’est néanmoins un devoir que de s’y tenir pendant toute la durée du voyage. Car les enfants attendent de nos nouvelles, attendent de savoir, et peuvent se sentir délaissés si on n’est pas assez présent…
Et au retour… au moment de la visite aux enfants après un an de correspondance… Quel bonheur immense, indescriptible, des deux côtés !!!
Je me rappellerai toute ma vie, cette joie intense quand ils m’ont raconté avec leurs mots les anecdotes qui les avaient marqués !
Des histoires drôles, comme la fois où j’ai croqué dans une mygale en Asie ou un cochon d’Inde au Pérou et aussi des informations très pertinentes qui m’ont permis de voir à quel point ils avaient appris via le travail des bénévoles sur les lettres envoyées.
Ils étaient capables de me dire ce qu’était une espèce endémique et de m’en citer plusieurs en Australie, de situer la Birmanie sur une carte, de connaître une merveille du monde en Amérique du Sud, et beaucoup d’autres informations encore.
La méthode fonctionne. Oui, les enfants apprennent en s’amusant, par le biais des voyageurs, en mêlant le ludique à l’apprentissage, en s’impliquant naturellement dans un projet qui devient aussi le leur au fil des mois.
Cette relation créée m’a apporté tellement… Parfois, quand en voyage le moral peut être à plat, ils étaient aussi là pour me rappeler que mon histoire devait continuer, pour moi certes, mais aussi pour eux… Pour tous ces ptits bouts avec des rêves plein la tête et des envies d’évasion quotidienne, loin des tracas que la vie peut leur faire subir…
Ils m’ont porté haut, ont souvent allégé mon sac à dos avec leur innocence et leur bienveillance. Ils m’ont aidé à aller au bout du chemin que je m’étais fixé…
C’est une merveilleuse aventure que celle de L’enfant@l’hôpital <3″
Jessica, « Mes Ptits Bouts du Monde »